
12 septembre 2025
La mobilité durable, une condition essentielle d’accessibilité aux études supérieures à Montréal
Lors du Forum interrégional sur le transport collectif qui s’est tenu à la Maison du développement durable le 10 septembre 2025, le Regroupement des cégeps de Montréal (RCM) a rappelé à quel point les enjeux de transport collectif sont directement liés à l’accessibilité aux études supérieures à Montréal. Pour les cégeps, la qualité des infrastructures et des services de transport public ne relève pas seulement de l’aménagement urbain : elle conditionne la capacité de milliers de personnes étudiantes d’accéder à une formation préuniversitaire, technique, continue ou encore à des cours de francisation de qualité. Elle conditionne également l’accessibilité à leur lieu de travail de plusieurs milliers d’employés du réseau collégial.
Des cégeps actifs en matière de mobilité durable
Les cégeps consacrent des efforts considérables, dans un contexte de restriction budgétaire, pour concevoir et déployer des stratégies, mettre en œuvre des politiques, et acquérir des certifications de développement et de mobilité durable en engageant toute leur communauté. Par leur adhésion aux principes d’éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté et leurs objectifs en matière de bilan carbone, les cégeps sont pleinement engagés dans l’implantation de mesures incitatives pour une utilisation des transports autres que l’automobile en solo., Ils sont cependant tributaires de la volonté des différents paliers de gouvernements dans la mise en place d’infrastructures et de services de transports collectifs répondant aux besoins des personnes étudiantes et employées. Considérant que le transport pendulaire entre la maison et le cégep est le principal créateur de GES découlant de nos activités, des actions concrètes doivent être prises afin de soutenir ces efforts et diminuer notre empreinte carbone.
Une croissance étudiante qui accentue les besoins en mobilité
La fréquentation des cégeps montréalais ne cesse de croître. À l’automne 2025, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 3,7 % selon la Fédération des cégeps, établissant un nouveau record. Et selon les prévisions du ministère de l’Éducation, la population collégiale augmentera de 20 % entre 2023 et 2033.[1]
Pour absorber cette hausse, d‘importants investissements en infrastructures sont nécessaires dans les cégeps. En attendant que les projets d’investissements obtiennent du financement, les établissements doivent développer des solutions alternatives temporaires, comme l’ouverture de pavillons satellites loués ou la prolongation des horaires de cours en soirée. Ces mesures ne pourront aider l’accessibilité et la persévérance des étudiantes et des étudiants que si elles s’appuient sur des services de transport collectif adéquats. Trop de lignes d’autobus cessent leur desserte dès le début de soirée, alors que de plus en plus d’étudiants suivent des cours ou participent à des activités tardives. La fréquence, la fiabilité, la durée des trajets, le nombre de correspondances et le coût des services deviennent ainsi des déterminants directs de la réussite et de la persévérance scolaire.
Des projets concrets pour améliorer l’accessibilité
Plusieurs initiatives, certaines déjà en place et d’autres en cours de développement, démontrent le potentiel des collaborations entre les cégeps et les instances de transport collectif :
- Amélioration de la desserte à partir des nouvelles stations du REM : mise en place de liaisons directes vers les cégeps situés à proximité, évitant des correspondances multiples.
- Bonification de l’offre en dehors des périodes de pointe habituelles pour les lignes qui desservent les cégeps.
- Services prolongés et plus fréquents : ajout de parcours en soirée pour accompagner l’élargissement des horaires d’enseignement.
- Passes universelles et mesures tarifaires : projets de tarification réduite ou de passes étudiantes universelles, afin de diminuer les coûts de déplacement, un facteur particulièrement sensible pour les étudiantes et étudiants en provenance de la grande région métropolitaine.
- Amélioration de l’interconnexion entre réseaux (STM, exo, REM, autobus interrégionaux) : meilleure fluidité et coordination pour répondre aux besoins des cégeps situés en périphérie de Montréal.
Ces initiatives sont porteuses d’espoir et montrent que des solutions existent, à condition d’être soutenues et planifiées dans une logique intégrée.
Par ailleurs, à l’échelle du Québec, la Fédération des cégeps s’investit activement. Elle a sondé cet été plus de 16 000 personnes étudiantes et membres du personnel sur leurs habitudes de mobilité. Les résultats attendus à l’automne fourniront un portrait précieux pour guider les décisions futures.
Un appel clair aux décideurs
Alors que Montréal s’apprête à vivre une nouvelle séquence électorale — municipales en novembre 2025, provinciales en 2026 —, il est essentiel que la mobilité durable et les transports collectifs figurent au cœur des priorités. À Montréal, les enjeux varient considérablement selon les établissements : un cégep du centre-ville à deux pas d’une station de métro ne vit pas la même réalité qu’un cégep en périphérie, dépendant de navettes saturées ou de liaisons interrégionales coûteuses.
Dans tous les cégeps toutefois, où travaillent environ 10 000 personnes, plusieurs voient la durée du trajet, le nombre de correspondances, la distance et le temps de déplacement de leur domicile au lieu de travail comme des obstacles à l’adoption des transports en commun. Par exemple, la réduction des heures de services et de fréquence, voire la suspension complète d’une ligne ou d’une navette pendant la longue période estivale devient un casse-tête.
La reconnaissance des cégeps comme de véritables pôles de mobilité durable est une condition incontournable pour soutenir la réussite étudiante. Les décideurs municipaux et provinciaux, de même que les acteurs du transport collectif, doivent être partenaires de nos établissements dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions adaptées.
Avec la croissance annoncée des effectifs, la pression sur les infrastructures de transport collectif s’intensifiera. En planifiant dès maintenant, de manière concertée avec les cégeps et l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, les acteurs œuvrant à l’administration des systèmes de transport collectif joueront un rôle clé pour répondre aux besoins grandissants des personnes étudiantes et employées de nos cégeps. La mobilité durable, loin d’être un enjeu périphérique, est au cœur de l’accessibilité et de la vitalité de l’enseignement supérieur à Montréal.
[1] https://www.education.gouv.qc.ca/references/indicateurs-et-statistiques/previsions/previsions-de-leffectif-etudiant-au-collegial-2024-2033